Sophie de Menthon pour Challenges : « Entrepreneurs sans filet … Les oubliés du système »

EDITO – Ils sont entrepreneurs indépendants, font peu de bruit, disposent de peu de couverture sociale et ont particulièrement souffert de la crise. Il serait plus que de temps de penser enfin à eux et pas uniquement à ceux abreuvés par l’Etat Providence.

Dans cette période si difficile de rétablissement de nos entreprises, nous devons être extrêmement attentifs et sensibles aux situations individuelles des travailleurs qui ne sont pas salariés. Entreprenants et entrepreneurs, fournisseurs, indépendants à leur compte, micro-entreprises, jeunes restaurateurs, couturières, la boutique qui a ouvert il y a peu de temps, le prestataire de services dans le tertiaire, les représentants de commerce, le fleuriste qui a vu brutalement faner ses fleurs sans pouvoir stocker, l’esthéticienne qui fait des domiciles, l’ostéo, le jardinier qui a sa clientèle, le taxi à son compte, la femme de ménage qui n’est pas forcément déclarée sur la totalité de son nombre d’heures (ça arrive) etc. Tous ceux qui ont pris leur risque, les obscurs, les discrets de l’économie sont très démunis face au manque à gagner.

Si la France a été très généreuse dans l’ouverture des digues financières, apparemment indifférente au remboursement qui pend au nez de chaque contribuable à peu près solvable, elle a négligé cette population qui produit ses propres revenus sans aide et avec moins de couverture sociale. Les demandes de subventions européennes semblent dirigées vers les grands groupes. L’argent apparemment coule à flot, mais où va-t-il précisément ? Alors que nombreux sont les “petits” déjà asphyxiés qui ne savent pas où trouver de l’aide ! On a la conviction que les “subventions” en particulier au niveau européen, n’ont que peu de chances d’arriver jusqu’à ceux qui en ont le plus besoin, les plus mal lotis sont ceux qui sont “à leur compte”, qui gagnent leur vie avec leurs bras et leur intelligence bossant 35h en 3 jours, des hommes et des femmes à saluer qui ne comptent que sur eux-mêmes. Eux n’ont pas de structures salvatrices, pas de primes, des compensations publiques insignifiantes et nécessitant des démarches décourageantes de complexité…

Applaudissons tous ceux qui exercent ces petits métiers qui facilitent la vie, ceux qui se sont fait une petite clientèle eux-mêmes et qui aujourd’hui ne peuvent plus joindre les deux bouts : c’est l’angle mort de notre économie.

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Par Sophie De Menthon