Sophie de Menthon pour Challenges : « Souveraineté, travail, impôts… stop aux injonctions contradictoires »
On nous demande tout à la fois de travailler plus mais moins et chez soi, de construire une Europe forte tout en fermant des frontières, de réduire la dette en dépensant, de ne pas augmenter les impôts ou juste ceux des riches…
Nous avons eu peur et la peur n’est pas bonne conseillère. Ainsi, avons-nous tout à coup pris conscience de notre dépendance économique et dans des secteurs stratégiques à l’étranger qui a toujours mauvaise presse, surtout lorsqu’il s’agit de la Chine et de sa pandémie. De l’urgence à démanteler la mondialisation, il n’y avait qu’un pas que nous avons idéologiquement allègrement franchi.
Nous devions déjà, pour la planète, ne consommer que les légumes du jardin d’à côté, fabriquer nos voitures tout seuls, il fallait désormais que nos avions soient bien de chez nous, produire nos médicaments (on se demande au passage pourquoi on a taclé violemment l’homéopathie, Boiron étant leader dans le monde !), relocaliser à tour de bras notre industrie et tout ce qui coûte moins cher à produire ailleurs, etc.
Nous sommes dans un grand capharnaüm de la pensée, tout se mélange ! Ainsi faut-il, en même temps protéger et empêcher le réchauffement climatique, dynamiser l’économie et l’emploi, travailler plus, mais moins et chez soi, construire une Europe forte tout en fermant (un peu) les frontières, réduire la dette en dépensant un max, ne pas augmenter les impôts mais juste un peu ceux des riches… Nous sommes devenus les spécialistes planétaires des injonctions contradictoires, merci au gouvernement de nous donner l’exemple avec tant d’application.
La souveraineté par le petit bout de la lorgnette
Arrêtons-nous plus sérieusement sur un exemple récent et déroutant, celui de PSA Peugeot. Devant la nécessaire reprise du secteur automobile, PSA veut mettre en place les 3×8 et faire travailler ses propres entreprises présentes dans plusieurs pays d’Europe. Il décide pour faire face au manque de main-d’œuvre adaptée (sur Mulhouse entre autres), de faire venir des salariés de ses propres filiales de Pologne, d’Espagne et de Grande-Bretagne. Le tout en veillant à la préservation de l’emploi dans chaque société sans profiter d’un coût du travail moindre et en payant les déplacements et le logement : éthiquement imparable ! Mais l’ombre du plombier polonais qui vole le travail des Français plane au-dessus de nos têtes. Le gouvernement s’offusque. Comment ? Importer des Européens en France, des étrangers ? Vous savez ceux qui bénéficient de la libre circulation des biens et des personnes ? Pas question, nous avons nos propres chômeurs…
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Par Sophie De Menthon